Roverandom – Introduction du dossier
Lorsque l’on parle de Tolkien, nous pensons immédiatement à The Lord of the Rings, The Hobbit, au Silmarillion ou à tout autre récit se déroulant en Terre du Milieu. Si The Hobbit fut le premier roman de Tolkien publié, un conte fantastique fut rédigé avant l’histoire du célèbre Bilbo Baggins, il s’agit de Roverandom.
Tout d’abord, il faut savoir que ce récit ne se passe pas en Terre du Milieu, mais dans un monde qui pourrait être le nôtre, avec de la magie et des créatures surnaturelles en plus. Il s’agit là de fantastique et non d’heroic fantasy, mais on peut également débattre sur la présence du merveilleux, notamment sur le fait que l’histoire commence par « Il était une fois un petit chien nommé Rover ». Ce conte est donc bien différent du reste de l’oeuvre de Tolkien et ne trouve pas sa place dans le Legendarium, même si de nombreux éléments démontrent déjà l’intérêt de l’auteur pour ce qui va l’inspirer dans la majorité de ses écrits. Ces nuances de récit et de genre, bien que fondamentales, ne doivent pas priver les lecteurs passionnés que nous sommes de ce petit chef d’oeuvre.
Dans ce premier article, probablement plus concis que les prochains, je tâcherai de vous transmettre du mieux possible mon intérêt pour ce conte et de vous donner l’envie de le découvrir. Je pense sincèrement que ce court récit, de moins d’une centaine de pages, mérite autant de considération que le reste des ouvrages de notre auteur, tant il est riche de sens et de références diverses que j’expliciterai dans les prochaines parties de ce dossier. Pour l’heure, je vais simplement vous expliquer le contexte dans lequel Tolkien a écrit Roverandom, étape indispensable non seulement pour comprendre en profondeur ce récit, mais aussi pour toute personne curieuse et désireuse de découvrir Tolkien dans son rôle de père de famille attentif, attentionné et imaginatif. Mais je m’attarde, il est temps de rentrer dans le vif du sujet.
Tout d’abord, cette histoire est inspirée de faits réels, plaçons-nous alors dans le contexte.
Eté 1925, la famille Tolkien passait alors ses vacances à Filey, charmante bourgade côtière du Yorkshire. Michael Tolkien, le fils cadet de notre auteur, avait alors cinq ans et était très attaché à son jouet favori, « un chien miniature de plomb peint en blanc et noir », et ne désirait jamais s’en séparer. Malheureusement, en balade avec son père et son frère John, il perdit son jouet qui, malgré de longues recherches ce jour-là, ne fut jamais retrouvé.
Touché par le chagrin de son fils et dans un désir de réconfort, Tolkien imagina un conte fantastique, qu’il coucha deux ans plus tard sur le papier sous le nom de Roverandom. Ce conte pour enfants fut proposé à l’éditeur Allen et Unwin en 1936, Stanley Unwin ayant alors accepté avec enthousiasme Le Hobbit sous les bons conseils de son fils Rayner. Ce dernier avait également apprécié la nouvelle histoire que Tolkien leur proposait mais finalement, ce conte ne sera publié qu’en 1998 chez HarperCollins, accompagné de cinq illustrations réalisées par Tolkien lui-même ainsi que d’une introduction et des annotations réalisées par Christina Scull et Wayne G. Hammond.
La mise en contexte étant achevée, voici maintenant un bref résumé se limitant au début de l’histoire, afin de vous donner une idée de ce qui vous attend sans pour autant vous révéler quoi que ce soit. J’espère que cela titillera votre curiosité.
C’est l’histoire d’un chiot, Rover, qui aurait gagné à connaître le fameux principe de Gildor Inglorion : « ne vous occupez pas des affaires des Magiciens car ils sont astucieux et prompts à la colère » (The Lord of the Rings). C’est alors qu’il joue à la balle qu’un magicien, Artaxerxès, s’approche de lui et ramasse son jouet dans le but de le transformer en un autre objet, un os par exemple, qui pourrait ravir le jeune chien. Seulement Rover, petit chien bicolore probablement de la race épagneul papillon, interprète mal le geste du sorcier et mord son pantalon. La magicien, irrité, transforme alors Rover en jouet vivant miniature. Désireux de retrouver sa forme initiale, Rover va alors vivre de formidables aventures qui le conduiront sur la fameuse plage de Filey, tandis qu’il est alors le jouet de Michael Tolkien, ici appelé Fistondeux (Little Boy Two). Son périple pour retrouver Artaxerxès, seul capable de lui rendre sa véritable forme, va ensuite le mener sur une Lune onirique mais bien réelle (vous comprendrez ce que j’entends par là en découvrant l’histoire) puis au fond de la mer. Je n’en dirai pas plus, vous laissant ainsi chers lecteurs avertis, et je l’espère intrigués, le plaisir de découvrir ce conte d’une grande richesse.
Ainsi s’achève l’introduction de ce dossier sur Roverandom, la suite arrivera bientôt ! N’hésitez pas à partager avec nous vos avis sur ce conte si vous l’avez lu, ou ce pourquoi vous désirez le découvrir.
Ceci est également mon tout premier article pour Tolkiendrim. C’est un plaisir de pouvoir partager ma passion et un peu de mon savoir avec vous qui nous suivez (ainsi qu’avec mes collègues) ! En espérant vous avoir présenté ce conte de manière satisfaisante et donné aux curieux l’envie de le découvrir !
« Le Dragon Blanc poursuit Roverandom et Lunechien »
réalisé à la plume et à l’encre par J.R.R. Tolkien en 1927,
dessin dédié à son fils John Tolkien.
– Roverandom, écrit par J.R.R. Tolkien et traduit de l’anglais par Jacques Georgel, publié chez Christian Bourgois Editeur. Introduction et annotations de Christina Scull et Wayne G. Hammond.
– Dictionnaire Tolkien, sous la direction de Vincent Ferré, publié chez CNRS Editions. Article « Roverandom » rédigé par Anca Muntean, pages 518-519.
Hey, mais c’est la Terre qu’on voit comme « Lune » à l’arrière du dessin! Roverandom va sur une autre planète?
Rover (appelé aussi Roverandom, selon les passages du livre) va en effet sur la Lune, mais je n’en dirai pas plus ! Quoi qu’il en soit c’est le passage du conte que je préfère.
interressant,de toute facon j’attend ma paye pour m’offrir une bonne dizaine de livres donc parfait^^
Merci Julien !
Une fois le dossier sur Roverandom achevé, je présenterai régulièrement d’autres ouvrages de Tolkien moins connus ou des livres de différents auteurs en rapport avec son travail. j’ai déjà quelques idées pour la suite !
Si tu ne connais pas déjà, je te conseille vivement de découvrir les romans de Terry Pratchett, en commençant ta lecture de préférence par La huitième couleur (The Colour of Magic).