Exclusivité Tolkiendrim – Interview de Richard Armitage (Thorin Écu-de-chêne)
Découvrez l’interview de Richard Armitage, réalisée lors du passage de Benjamin sur le tournage du film Le Hobbit !
Richard Armitage (Crédit photo : The Telegraph)
Le film touche à sa fin, faites vous à présent partie intégrante de l’univers Hobbit-Kiwi-Terre-du-Milieu ?
Richard Armitage : Oui. Il s’est passé six mois entre la dernière prise de vue et mon retour ici, mais je n’ai cessé de parler du film durant tout ce temps, alors je n’ai jamais réellement quitté ce monde. Je me dis que nous allons encore en parler pendant deux ou trois ans, et c’est bien, parce que le personnage ne cesse de grandir dans mon esprit et je continue à glaner de nouvelles idées. C’est agréable de revenir ici et de refaire quelques prises supplémentaires tous ensemble.
Comment vous sentez-vous à l’idée d’entreprendre la dernière partie du voyage ?
Richard Armitage : Je suis très heureux, car je ne sais pas ce que Peter va choisir de garder au montage. Nous avons tourné tellement de versions de certaines scènes, avec parfois des différences extrêmes, que je ne sais vraiment pas comment cela va apparaître, une fois assemblé. Mais ce que je voulais vraiment faire passer, c’est l’incohérence du personnage et son instabilité mentale, comme une sorte de psychose que l’on retrouve chez les personnes imprévisibles. C’est ce que je cherchais à montrer, mais je ne sais pas si c’est ce qu’il choisira.
Parlez-nous de la façon dont vous avez travaillé votre personnage, et de son évolution.
Richard Armitage : C’est compliqué, parce que lorsque vous interprétez un personnage, vous cherchez généralement à ce que l’ensemble soit cohérent. Vous vous attachez à la logique des choses, et vous suivez votre texte. Vous essayez de tout rationaliser et de faire en sorte que vos phrases aient un sens. Mais quand vous devez jouer la folie, vous devez faire l’opposé.
Je cherchais volontairement à jouer des scènes qui se suivent, afin d’essayer de faire en sorte que son humeur soit aussi changeante que possible, qu’il soit presque un personnage différent à chaque scènes. Parfois, il était exalté et plein de vie, et la fois suivante, mort et sans énergie. Voilà ce que je recherchais, à la fois le côté sombre et le côté lumineux.
[mod fan on] Bonjour, je viens de France, je voulais tout d’abord vous saluer de la part de tous les fans français de Tolkien.[mod fan off] Dans le livre, durant la Bataille des Cinq Armées, Beorn vous vient en aide sous sa forme d’ours. Le verra-t-on dans le film ?
Richard Armitage : Où est-ce que vous avez entendu parler de ça ? Est ce que c’est dans le livre ?
C’est dans le livre, oui.
Richard Armitage : Personne ne le sait. J’ai reçu un script aujourd’hui et la seule chose que je peux dire, c’est que Peter a écrit toute la bataille. Alors même si, sur un moment précis, vous n’en voyez forcément qu’une partie, la bataille entière est filmée, et si vous ne le voyez pas sur le film, la scène existe quand même dans une autre zone. il y a la vallée d’Erebor, la Colline au Corbeaux, « La Désolation de Smaug » et Dale. Alors non, je ne sais pas si nous le verrons à l’image.
Pensez vous être surpris par le montage final ?
Richard Armitage : Oui, je l’espère. Vous savez, lorsque nous tournons, Peter étudie beaucoup d’options différentes et vous ne savez vraiment pas à quoi cela va ressembler une fois qu’il aura fait le montage. J’ai été agréablement surpris par le premier film, il y a des scènes que j’ai découvertes. Je ne savais même pas que nous les avions tournées. Parfois, c’est aussi parce qu’ils rajoutent un double numérique dans une scène physique. Donc oui, je m’attends à être bouleversé et surpris par les deuxième et troisième films.
Lorsque vous regardez le film au cinéma, réussissez-vous à oublier que, parfois, vous n’aviez pas devant vous l’acteur à qui vous donniez la réplique – comme avec Gandalf, par exemple, dans la scène d’ouverture chez Bilbo ?
Richard Armitage : Oui, mais en réalité, nous avons d’abord tourné et répété ensemble, et ensuite nous sommes allés dans des pièces séparées. Après, c’est du ré-assemblage. Et puis quand vous tournez des plans serrés, il est présent. C’est seulement pour les plans larges qu’il ne l’est pas. Ce n’est donc pas aussi difficile que de construire complètement une scène avec des doubles numériques.
Quelle expérience tirez-vous de votre participation à ce film et du travail avec Peter Jackson ?
Richard Armitage : Ça a été un véritable changement dans ma vie personnelle, ici, en Nouvelle-Zélande, mais aussi dans mon métier d’acteur. Peter, vous le remarquez uniquement quand il n’est pas là. Il est très concis et vous donne des idées et de l’inspiration, sans vraiment être directif. Il comble les manques, il portraitise, partage sa vision, et vous montre des photos ou des extraits de film. Autant de matériaux qui vous aident à visualiser ce que vous avez à faire. Quand vous devez parler à une boule verte sur un bâton, c’est vraiment essentiel d’avoir toutes ces informations, et Peter vous les donne.
Aurez-vous des scènes avec Manu Bennett (Azog) dans lesquelles vous combattrez l’un contre l’autre physiquement ?
Richard Armitage : Je ne sais pas. Ça a été pour moi l’une des grandes surprises du premier film, parce que je ne m’étais jamais retrouvé face à face avec Manu. Dans le script, j’avais un certain nombre de scènes avec Azog – Je me suis battu avec une personne réelle, avec un homme dans un costume vert, je me suis battu avec une boule verte sur un bâton… hum… je me suis battu avec rien ! (rires) Mais je pense, oui, que nous finirons par nous rencontrer physiquement.
Je suis allé voir la sculpture en taille réelle, que WETA a faite d’Azog, pour le Comic Con cette année. Je me tenais face à lui, pour voir à quel point il était imposant. Je voulais savoir si je pouvais le frapper, et en réalité, je ne peux pas l’atteindre car il est beaucoup trop grand. J’ai vraiment besoin d’une épée pour y arriver.
Ce combat est quelque chose qui me fascine, oui, parce qu’il a commencé bien avant le début de cette histoire. C’est comme un combat permanent qui ne peut s’achever vraiment que sur le champ de bataille. C’est un combat important, je le fais au nom de mon grand-père et de celui de mon père, qui l’ont combattu eux-mêmes avant moi.
Ce sera votre combat ultime, le moment fort de votre histoire !
Richard Armitage : Oui. J’espère que je vais le faire avec Manu dans un studio de capture de mouvements. Je ne sais pas.
Que pensez-vous du fait de jouer un nain et d’être l’un des héros d’un film de fantasy ?
Richard Armitage : Les Nains sont l’épine dorsale de l’histoire. Pour incarner l’un de ces personnages, il était important de le faire de telle manière qu’il soit à la fois Nain, et que le public puisse aussi se sentir proche de lui. C’etait impossible de le représenter sous un aspect trop « fantasy ». Il devait avoir la stature d’un roi, de quelqu’un capable de récupérer son royaume et de s’asseoir sur le trône de Durin. Il fallait pouvoir ressentir celà pour lui. Mais c’est un équilibre à avoir. Il a un tempérament de Nain. Il a cette arrogance, l’entêtement et la colère que ressentent les Nains. C’est intéressant, parce qu’en ce moment ils tournent des scènes avec les elfes. C’est vraiment « chacun dans son camp », ils sont en train de tourner sur la colline près de Dale, et nous sommes ici, dans la Forêt Noire. Les elfes sont préoccupés, à cause de notre tempérament impulsif et belliqueux. Nous avons eu l’interdiction de nous réveiller avant les Elfes* et nous les voyons comme des êtres privilégiés tandis que nous sommes des sous-fifres qui devons nous battre pour exister.
Dans la forêt noire, Thorin est capturé par les elfes bien avant les autres Nains, en sera-t-il de même dans le film ?
Richard Armitage : Nous avons tourné beaucoup de scènes, beaucoup d’éléments tirés du livre, et je ne sais pas comment va être le montage final. Nous suivons le sentier des elfes, à travers la forêt. Mais nous sommes tous capturés en même temps, et séparés quand nous sommes en prison. En fait, nous sommes d’abord capturés par les araignées, mais ça fait partie de ces moments où nous allons tous être surpris parce que nous avons tourné un certain nombre de versions de ce qu’il se passe dans la Forêt Noire. Il y a une scène avec un cerf, une scène avec le cours d’eau empoisonné, avec les araignées, dans des cocons et puis des scènes de combats. Personne ne sait vraiment ce que cela va donner. Nous quittons un chemin et nous en retrouvons un autre, et c’est un peu comme la « route de briques jaunes » (Le Magicien d’Oz. Ndlr) pour le moment. Nous le saurons lorsque nous regardons le film.
Appréciez-vous l’engouement des fans pour cette saga en Terre du Milieu ?
Richard Armitage : Pour être honnête, durant le tournage, je ne me plonge pas trop dans tout ce qu’il se passe en ligne, je préfère le contact direct, comme au Comic Con. J’ai participé aussi à des « Questions/Réponses » en Australie, et c’était incroyable parce qu’on est en direct avec le public. Je n’aime pas juste lire des questions, parce que, pour certaines, on n’a pas envie d’y répondre. On tombe souvent sur des phrases dont on n’aime pas le ton. Ce que j’aime, par contre, c’est l’interaction, se rendre compte que les gens sont aussi investis dans les personnages que les acteurs. Je trouve donc cela inspirant, qu’ils posent des questions si pointues.
Qu’avez-vous apprécié le plus dans votre personnage ?
Richard Armitage : C’est l’évolution du personnage, la façon dont il change tout au long des trois films, à cause de Bilbon. Nous n’avons pas encore filmé les derniers moments, où Bilbon fait découvrir à Thorin ce qu’il est devenu, et je ne veux pas trop en dire, mais vous pouvez lire le livre pour le découvrir. Il y a un moment fort, entre Bilbon et lui, où il se repent, il regrette son attitude, et demande pardon. Et cette rédemption, de celui que vous avez rencontré au début de l’histoire, si rempli de colère et de haine et d’une ambition dévorante, cela a été un incroyable voyage. C’est ce que j’ai préféré de Thorin.
Bilbo, Nori et Thorin Écu-de-chêne (Crédit photo : Warner Bros.)
Quelles ont été les réactions des acteurs à l’annonce d’une trilogie et non plus d’un diptyque ?
Richard Armitage : J’étais déjà surpris qu’ils en fassent deux ! Je me disais « C’est juste un film sur Le Hobbit ». Sans doute, lorsque nous filmions et que ça devenait de plus en plus détaillé et que chaque personnage était développé de manière plus approfondie, il est devenu évident qu’il y avait trop de matériaux pour deux films. En réalité, il y en a trop pour trois, ils ont dû enlever des heures et des heures de séquences, et faire des versions longues car tout ne rentrait pas dans seulement trois films. Ce n’est pas parce qu’ils voulaient juste se faire plaisir, c’est parce qu’ils sont fascinés par chacun des personnages qu’ils rencontrent et qu’ils veulent les étudier et raconter leur histoire de façon détaillée. Je m’attends à ce que les versions longues fassent quatre heures et demie chacune.
Embrasseriez-vous une naine barbue ?
Richard Armitage : C’est un peu comme du Velcro. Une fois que vous y êtes accroché, vous ne pouvez pas en sortir. Je ne pense pas qu’il y ait de triangle amoureux pour Thorin. Il est dans son propre petit monde de folie. La seule personne que je n’ai pas encore rencontré dans la Terre du Milieu est Tauriel. Elle devait être dans une scène l’autre jour dans le fond, mais elle n’a pas joué, donc il y avait juste Legolas et moi. Mais j’ai l’espoir d’une scène sur le champ de bataille où Thorin et Tauriel se croiseraient, et ils passeraient l’un devant l’autre en se disant « Je t’ai toujours aimé » ou quelque chose de ce genre. (Rires)
Comment était-ce de travailler avec des acteurs, comme Orlando Bloom, qui ont joué dans le Seigneur des anneaux ?
Richard Armitage : – Et bien, vous devez faire en sorte de mettre de côté toutes vos idées préconçues. Je sais ce que j’ai pu ressentir quand j’ai regardé le « Seigneur des Anneaux » – pour Gandalf par exemple. D’une certaine manière, Gandalf était le plus difficile, parce que j’ai dû oublier mon opinion personnelle sur lui, et commencer à penser comme Thorin. A présent, je n’en pense rien. Je n’ai que l’avis de Thorin sur Gandalf. C’est comme si je le rencontrais pour la première fois, comme si c’était un nouveau personnage. Les premières heures ont été assez difficiles, mais c’est ça, être acteur, n’est-ce pas ? Vous faites des recherches, et vous essayez de voir différemment le personnage.
L’histoire se passe bien avant Le « Seigneur des Anneaux », de sorte que c’était un nouveau personnage pour Ian lui-même, également. C’était… je ne sais plus, vingt ans, cinquante ans avant ? Et c’est pareil pour Orlando. Ils ont dû faire, tous les deux, une rétrospective de leur personnage. Comment dit-on ? Un « rétrofit » ? Je pense que leurs défis ont été bien plus difficiles, parce qu’il a fallu qu’ils oublient certaines choses.
[* Les nains ont été créés avant les Elfes, mais ont dû rester endormis sous la montagne en attendant que ces derniers ne viennent au monde. Ndlr] – Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l’encyclopédie Tolkiendil ici, ou lire le Silmarillion.
– Fin de l’interview –
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